Sujet dont nous avons déjà débattu, élus de Changeons de Cap, dans nos colonnes et dans notre journal les Cris du Phare et duquel nous continuerons à débattre avec vous, encore.
" ECONOMIE.
Pour l'heure, ce n'est encore qu'un projet, supervisé par le Conseil général : la construction d'une galerie commerciale géante de 60 000 m2 au coeur de la zone d'activités de Saint-Geours-de-Maremne. Une perspective qui, de Dax à Saint-Paul-lès-Dax, en passant par Hossegor, Soustons et Saint- Sever, a d'ores et déjà fait l'effet d'un électrochoc chez les commerçants locaux. Lesquels envisagent aujourd'hui la création d'un collectif de défense de leurs intérêts. En attendant, ils se sont choisi comme porte-parole les deux coprésidents de Daxatou, Evelyne Vigneau et Jean-Claude Florin. Qui, après avoir fait faux bond à Henri Emmanuelli en octobre, sont désormais prêts à le rencontrer.
« Sud Ouest ».
Plusieurs projets de centres commerciaux sont à l'étude à Saint-Geours, à Mont-de-Marsan et même à Ondres. Que pensez-vous de cette frénésie ?
Evelyne Vigneau. Tous ces projets représentent plus de 250 000 m2 de surfaces commerciales à venir. Soit plus de 40 % de ce qui existe déjà. C'est cinq fois le BAB. C'est à croire que jusqu'à présent dans les Landes, nous étions dans le désert.
Pourtant, ce projet commercial sur le site d'Atlantisud repose sur une étude attestant d'un réel manque à gagner pour les Landes, comme de l'absence de nombreuses marques...
Ce projet est extravagant et incohérent. Cette étude est caduque. Elle a été réalisée il y a 4-5 ans, et depuis l'offre commerciale s'est étoffée. Cette évasion de population en dehors de notre département, sur laquelle se fonde cette étude, ne tient plus. Sont citées également des marques absentes : Lacoste, Comptoir des cotonniers, Promod... Or aujourd'hui, toutes ces marques sont présentes. On a trop tendance à raisonner en terme d'enseignes.
Que voulez-vous dire ?
Pour nous, c'est une hérésie que de raisonner en terme d'enseignes. Il faut raisonner en terme d'activités. Et en terme de gammes de produits. Très souvent, on fait un amalgame de tout ça.
Quelle différence y a-t-il ?
Prenons le cas de l'agglomération dacquoise : imaginons qu'on nous dise un jour pourquoi n'y aurait-il pas un magasin Cultura ou Virgin ? Ces deux enseignes sont absentes. Sauf que ce secteur d'activité est déjà représenté. Donc, à quoi ça sert de faire venir des enseignes alors que le secteur d'activité est déjà largement représenté ? En revanche, s'il y a sous-représentation, si une gamme de produits manque, à ce moment-là oui. Mais à condition de le faire dans l'agglomération et pas à des kilomètres.
Est-ce à dire que vous renoncez au principe de concurrence ?
Non. On n'est pas contre la concurrence. Elle est nécessaire mais elle n'est vraiment efficace que si elle est équilibrée dans un sens et dans l'autre.
Pourtant, le projet Atlantisud assure ne vouloir faire venir que des enseignes complémentaires...
Encore une fois, ça ne veut rien dire. Tout le monde confond ou alors on veut mettre volontairement en péril l'existant.
Vous dénoncez aussi l'éloignement d'Atlantisud, alors que c'est à 20 minutes de Dax...
Ce projet fait fi des préconisations écologiques et environnementales. À l'avenir, nous aurons des agglomérations plus compactes avec des offres commerciales plus concentrées. Et pourquoi ? Pour limiter les déplacements, la consommation d'énergie et les émissions de CO2. Et tout ça se résume en une phrase : « Le bonheur est dans... le près », dans la proximité. C'est tout le contraire du projet de Saint-Geours avec une zone de chalandise qui rayonne de Bordeaux à l'Espagne. Mais la population landaise dans son ensemble n'est pas assez nombreuse pour faire vivre ce projet. En fait, ce qu'on nous vend, ce sont des milliers de kilomètres.
Les préoccupations écologiques sont une chose, mais vous craignez aussi pour l'avenir de vos commerces...
Il va y avoir une overdose de surfaces commerciales. Et on peut être certain que ça va contribuer à la catastrophe de nos commerces. Le projet d'Atlantisud devrait compter un hypermarché, une galerie commerciale et un village de marques d'environ une centaine de boutiques. Cette offre vient directement en concurrence avec ce qui existe.
À vous écouter, il n'y aurait donc pas de place pour tout le monde ?
Que trouve-t-on dans un village de marques ? Des produits déclassés, des produits fabriqués dans des pays où la main d'oeuvre est bon marché. Et ces produits sont vendus toute l'année à des prix cassés. C'est une concurrence assassine contre laquelle on ne peut pas lutter.
Les promoteurs d'Atlantisud avancent pourtant d'importantes créations d'emplois.
Vous n'y croyez donc pas...
Bon nombre de nos commerces vont fermer. Les emplois sacrifiés à terme, on n'en parle pas, alors que là où il y a eu des projets similaires, les emplois détruits ont dépassé les emplois créés. Où est l'intérêt ? On ne se l'explique pas. C'est pour ça que nous souhaitons rencontrer M. Emmanuelli. Les commerçants sont très remontés. Si, jusque-là, nous étions individualistes, aujourd'hui c'est fini. Ceux qui ont initié ces projets et inconsciemment programmé notre fin nous trouveront sur leur route. L'époque où on subissait, c'est fini.
Pourtant, sur le plan démographique, le sud-ouest des Landes ne cesse de se développer... Cet afflux de population n'est pas suffisant ?
Prenons l'offre alimentaire existante : nous sommes déjà dans le tableau de tête au niveau national. C'est-à-dire qu'on a la surface commerciale par habitant la plus élevée. De ce point de vue-là, on ne comprend pas. Qui va donc venir acheter là ? "